Ce monde d’aquarelle m’apparait comme imperméable. D’un point de vue physique, son origine et son observation sont confondues et parfaitement lisibles. Pourtant, la source formant cette nappe, dans une figure parfois cireuse, est profonde, inaccessible et créée sans doute dans un âge antédiluvien. Aucun droit d’être gauche, désorienté, pour tenter de la rejoindre dans ce prisme éclatant et fuyant qui condense de multiples couleurs secrètes dans une lumière intense et aveuglante. Evaporez-vous, dispersez-vous, envolez-vous. En gardant les yeux ouverts, en les faisant prendre de la hauteur, on peut alors apercevoir un météore, phénomène optique se produisant dans le ciel, reflet solaire, jeux d’écume et d’ondée. Il pleut.

D’abord une giboulée printanière prévisible mais inattendue exprimant un flot de sentiments mystérieux. Puis, une petite pluie d’été rafraîchissante, salvatrice, perlante à fleur d’une peau brûlée par tant de contrastes. Ces précipitations doivent être accompagnées uniquement par un silence serein, seul bruit tolérable pour cette chute. L’atmosphère est rafraîchie et douce. Cela s’arrête, sans crier. Gare au plaisantin extérieur à ces aventures illisibles qui viendrait troubler ce tout nouvel équilibre précaire. L’écho de l’eau finissant de s’écouler ricoche sur sa propre surface, s’essoufflant doucement.

Je suis en apnée, attendant patiemment de pouvoir briser mon mutisme. L’érosion lente et inéluctable transforme la pierre et les cœurs. La source est temporairement tarie, ses yeux n’en sont pas pour autant ternis. Son visage s’illumine, forme une fleur. La lumière joue avec l’or de ce sourire. Elle est à la fois pluie et soleil. Ses larmes ont embelli sa beauté.